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Cave d'Aleria : Une stèle inaugurée le 22 Août sur les lieux du drame


le Mardi 1 Juillet 2014 à 14:22

L’Association « Aleria 1975 » que préside Edmond Simeoni a décidé d’inaugurer une stèle à Aleria le 22 Août procchain, à 18 heures, pour rappeler à la population les dramatiques évènements qui se sont déroulés devant la cave vinicole en Août 1975. Edmond Simeoni, dans un communiqué intitulé :" Aleria 1975 : " L’acte Fondateur de la révolte corse contemporaine", revient sur cet épisode, tragique, de l'histoire récente de la Corse.



Aleria : C'était en Août 1975
Aleria : C'était en Août 1975
Le 22 Aout 1975, les militants de l’Arc (Azzione pè a Rinascità di a Corsica) – une douzaine, armés de fusils de chasse- ont occupé une cave vinicole, à Aleria. L’Etat  refusa  tout dialogue et dépêcha une armada ; l’affrontement fut bref et sanglant : deux  gendarmes tués, un militant grièvement blessé. Et  de  nombreux  blessés.  La  Corse entra  dès lors  dans  une  période  politique, grave,  troublée, instable qui se prolonge actuellement et qui s’est soldée, après  la radicalisation avec la création du FLNC en Mai 1976, par des milliers d’attentats, des dizaines de morts.
Quelle   était  la  raison  de  cette  action  violente,  de  cette  rébellion,   assumée  à  visage découvert ? Simplement, l’île, après un abandon séculaire scandaleux, deux siècles de fidélité totale à la France, avec des pertes humaines majeures pendant les guerres nationales et coloniales, avait pris  conscience  de  cet état  de  fait inacceptable et avait,  dès le  début  des années  60,  commencé à 
protester  et  à  s’organiser.  (Lutte  de  l’Argentella  en  1960  contre  un  projet  d’installation  nucléaire, luttes  fiscales, défense du réseau ferré, luttes pour l’Université, contre le Schéma d’Aménagement, lutte contre les Boues Rouges...)
 
La  perte  de  l’Algérie  en  1962,   avait  conduit  dans  l’île  16.000  personnes dont la moitié d’origine corse. La mise en valeur qui avait été amorcée en 1957 a été alors  détournée de son but - aider les  Corses à  sortir  du  sous-développement-  pour secourir,  dans l’urgence,  les  « Rapatriés » arrivés  ici,  dans  leur  immense  majorité,  dans  le  plus  total  dénuement ;  ils avaient  droit  à  la  plus totale solidarité de l’Etat. Mais, le manque de bonne volonté de celui-ci, sa cécité, son absence totale d’équité, son refus de prendre en compte l’identité culturelle du peuple corse, la répression, avaient transformé la problématique identitaire en lutte de décolonisation,  murant ainsi l’île dans le refus et dans la contestation croissante.
 
Depuis  très  longtemps,  nous  voulions  inscrire  ce  lieu  dans  la  mémoire  de  la  Corse. 
Sans  renoncer  à  la  lutte  sur  tous  les  terrains,  nous  avons  laissé  passer  le  temps  pour  faciliter  la cicatrisation  des  plaies,  ne pas  aviver  inutilement  les  antagonismes  entre  la  Corse  et  la  France,  et pour permettre de trouver et de chercher des solutions transactionnelles, respectueuses des intérêts légitimes des parties.

Nous avons vivement regretté que la Cave d’Aléria qui avait été gravement endommagée, n’ait  pas  pu  être  sauvegardée  mais des impératifs  de  sécurité  ont  conduit  à  sa  démolition.  Il y  a  quelques  années,  nous  avons  pris  la  décision  avec quelques  militants et  en  accord  avec la  municipalité  d’Aléria,  d’y  ériger  une  stèle  modeste.  Non  pas  dans  le  but  de glorifier  et  de commémorer  la violence,  de  figer  la  situation,  de  constituer  un  brûlot  de  haine  mais  simplement de rappeler  aux  passants,  corses  et  étrangers à  l’île,  que  l’injustice  génère  toujours  la  révolte, que  des  hommes,  jeunes, ont  injustement  payé  de  leur  vie  et  de  leur  chair,  ici, les  errements  de l’Etat .  Chacun  y  sera  invité au  silence, à  la réflexion  pour  chercher et  trouver ensemble, en  Corse comme ailleurs, les solutions qui privilégient la démocratie,  le dialogue, les accords par rapport aux affrontements. Un peuple a le droit de vivre chez lui en paix et nul ne peut décider de son sort à sa place.
 
Après le drame d’Aleria , immédiatement suivi par les graves évènements de Bastia, la Corse, qui  n’a  jamais  agressé  personne  mais par  contre  a  toujours  subi  les  occupations  étrangères,  est entrée dans un période de turbulences qui dure depuis trente-neuf ans. Le refus total de la France – adossée à un clanisme local, archaïque- de reconnaître et de respecter notre identité collective, les pseudo-réformes  sur un  fond de  répression  sévère, de justices d’exception, de provocations – plus de  soixante  attentats  de  l’officine  de polices  parallèles  Francia  contre  nos  militants-  ont  créé  une situation confuse, souvent complexe. 
 
La Corse, dans  ses  forces vives, n’a pas accepté cette politique néfaste, l’a combattue  sans arrêt. Le mouvement autonomiste a été en première ligne dès 1960. Certes, la lutte d’émancipation a créé de gros dommages matériels et humains. Le FLNC a consenti de lourds sacrifices –la liberté, la vie de nombreux militants- dans la perspective de l’indépendance ; il a commis des erreurs tragiques et  ses  deux composantes  n’ont  pas  su  éviter  des  affrontements  fratricides  qui  ont  généré  la mort de nombreux militants. IL a interrompu définitivement toute action violente depuis le mois de Juin 2014. Une décision courageuse, responsable, porteuse d’espoir.
 
Aujourd’hui,  rien  n’est  résolu  mais  la  route  de  l’émancipation  est  désormais irrémédiablement ouverte ; le débat démocratique en Corse s’est approfondi, étoffé, élargi à toutes les couches de la société, dans l’île et dans la diaspora ; l’Assemblée de Corse qui est le lieu réel et symbolique  du  pouvoir  de  notre  peuple  s’est  saisie  des  principales  problématiques,  élabore  des solutions qui seront ultérieurement soumises au peuple, a engagé un dialogue avec l’Etat qui reste frileux, rétif, manœuvrier. La société civile doit s’impliquer désormais impérativement dans le débat.
Le  mouvement  nationaliste,  dans  sa  diversité,  constitue  une  part  importante  et  active  de la  société  corse  et  de  la représentation politique  insulaire ;  il  est  soit  à  l’initiative  des  principales réformes soit il  conforte toutes les autres démarches de progrès, initiés par différents acteurs de la société civile et politique.
 
Nous venons de créer une association « Aléria 1975 » qui organise une manifestation sur les lieux  le  22  Août  2014.   Une  stèle  sera érigée  sur  l’emplacement  de  l’ancienne  Cave  d’Aléria ;  une manifestation associant le rappel du drame, la participation des associations et groupes culturels est en cours de préparation. Les modalités pratiques seront précisées ultérieurement.
Cette manifestation (confection de la stèle, aménagements locaux etc), va générer, en dépit du bénévolat de tous les intervenants locaux, des frais que nous avons évalués à environ 35.000 euros ; nous sommes donc contraints de faire appel à la générosité des militants, des 
sympathisants et au-delà, de celles et ceux qui pensent qu’il est important de ne pas laisser sombrer dans l’oubli, la date du 22 Aout 1975. Le règlement peut être effectué par chèque bancaire à l’ordre de "Aléria 1975" et adressé à Bernard Pantalacci BP 1, 20 270 Aléria