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Campagne de prévention et de lutte contre les Incendies en Corse : lancement polémique


Noémie François le Mardi 2 Juillet 2019 à 21:31

Le lancement de la campagne de prévention et de lutte contre les Incendies en Corse qui a eu lieu mardi sur la base aérienne de Ventiseri-Solenzara a pris un tour polémique au terme du seul tour de revue de troupes ordonné par Josiane Chevalier, la préfète de Corse, qui n'a pas permis aux présidents des SIS (Service d'incendie et de secours) de Corse, Guy Armanet et Pierre Poli "d'aller saluer les différentes composantes civiles et militaires" présentes sur la base Albert-Preziosi.



Ce dispositif opérationnel incendies-feux de forêts pour la saison 2019 a été présenté à la base aérienne 126 de « Ventiseri-Solenzara » après la traditionnelle revue de troupes, effectuée par Josiane Chevalier et le préfet de Haute-Corse François Ravier, ainsi que les autorités militaires. Les ordres opérationnels ont été signés sous un hangar à l’abri d’une chaleur insoutenable.
 
Contrairement à l’année dernière, seulement un tour de revue de troupes a été effectué par la préfète de Corse, responsable opérationnelle du dispositif de Sécurité civile.
En effet, selon certaines sources, « Josiane Chevalier, la préfète de Corse n'aurait pas autorisé l’État-major des deux SIS insulaires à s’exprimer devant la presse sur le dispositif, estimant que c’était le rôle exclusif de l’Etat de le présenter aujourd’hui ». Ce sont sans doute les raisons protocolaires et des causes imprévisibles (comme les aléas climatiques et dans le cas présent une journée caniculaire),  qui ont fait monter, dans les coulisses, la polémique entre les présidents des SIS 2A et 2B et la préfète de région.
Selon le directeur de cabinet de la préfète de Corse-du-Sud, Guillaume Lericolais, « Il n’y pas eu de malice, sans vouloir froisser personne, les fortes chaleurs ont écourté le protocole. Par la suite, chacun pouvait prendre la parole et s’exprimer, après la signature des ordres opérationnels, dans un temps de partage », ce qui n'est pas de l'avis de Pierre Poli et Guy Armanet qui ont font part de leur mécontentement dans un communiqué.*


Reste que malgré la polémique le territoire est sous haute surveillance ; la Corse est soumise à un risque d’incendie de forêt très important, (80 % de la surface de l’île étant recouverte de maquis et de forêts).
Le bilan 2018 a été lourd, 221 feux au total dont 137 pour la Corse-du-Sud pour l’ensemble du territoire - pour 1964 hectares-  brûlés entre juillet et septembre. 


« Les moyens de prévention des incendies sont l’affaire de tous, il y a des interdictions et obligations légales à respecter, comme l’interdiction absolue de l’emploi du feu.
Le débroussaillement est obligatoire et pour rappel l’écobuage est interdit sous arrêté préfectoral »* a rappelé Josiane Chevalier. « Je tiens à saluer les professionnels bénévoles pour leur engagement, et les risques qu’ils prennent à sauver des vies ».
« Si la stratégie du dispositif de lutte dépend en grande partie de la détection précoce des incendies et de l’engagement rapide des moyens d’intervention, l’efficacité du dispositif tient aussi par l’important siège des hommes et du matériel, placé à titre préventif au plus près des zones sensibles, et des efforts de préventions permettent de réduire en amont la vulnérabilité des espaces naturels et forestiers ».


On le sait. Les services d'incendie et de secours (SIS) sont chargés de la prévention, de la protection et de la lutte contre les incendies. « Dans le cadre de leurs compétences, ils exercent des missions de prévention et d'évaluation des risques de sécurité civile, la préparation des mesures de sauvegarde et de l'organisation des moyens de secours, la protection des personnes, des biens et de l'environnement, les secours d'urgence aux personnes victimes d'accidents, de sinistres ou de catastrophes ainsi que leur évacuation ».
Les Sapeurs-pompiers sont mobilisables, ainsi que les forestiers sapeurs.


Ils sont appuyés par les services et les moyens de l’Etat présents en Corse (12 patrouilleurs de l’Office national des forêts (ONF), 70 personnes de la direction départementale des territoires de la mer (DDTM). A quoi vient s’ajouter le renfort de moyens nationaux : 180 militaires de la formation de la sécurité civile (FORMISC).
 
Ce dispositif opérationnel incendies-feux de forêts pour la saison 2019, est complété par les moyens engagés par la communauté des communes du Fium’Orbu Castellu, ainsi que par les forces de l’ordre qui participent également à la lutte contre les feux de forêts, en assurant la surveillance du territoire.
Selon François Pradon, chef d’état-major de la zone sud, et contrôleur général « il faut aussi souligner la particularité du Canadair qui "écope" (un terme technique signifiant que pour se ravitailler, il effleure l'eau et n'a pas besoin de se poser) au-dessus d'un lac, d'une rivière, de la mer (6500 litres d’eau d’emport, sur des rotations courtes et il a l’autonomie pour 10 passages sans atterrissage) .
Car aux moyens humains s'ajoutent les moyens aériens.
Il y a l’hélicoptère de secours, deux Tracker (utilisé en priorité pour des missions de surveillance et de première intervention), deux Canadair,
Et le Dash 8  pour expérimentation).

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Jean Toma, maire de Sari-Solenzara, Joseph Castelli, sénateur de la Haute-Corse et Jean-Jacques Ferrara, députe de la Corse-du-Sud ont également assisté au lancement de la campagne.
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*Arrêté préfectoral en date du 25 mars 2019 portant interdiction de l'emploi du feu en Corse du Sud. Informations complémentaires disponibles sur le site internet de la préfecture http://www.corse-du-sud.gouv.fr/

Pierre Poli et Guy Armanet : "manque de respect envers les acteurs de la lutte contre les incendies"

Les deux présidents des SIS de Corse, expriment leurs vifs regrets au regard des conditions d'organisation de la présentation du dispositif de lutte contre les incendies, présidé ce matin par Madame la préfète de Corse sur la base aérienne de Solenzara.  
L’ordre étant donné de rompre les rangs, les présidents n'ont pu aller saluer les différentes composantes civiles et militaires.
Ils considèrent qu'un tel écart constitue un manque de respect envers les acteurs de la lutte contre les incendies, alors même que cette séquence annuelle a toujours été marquée du sceau de l'unité et du consensus face aux risques d'incendies.


Ils s’associent pour présenter leurs excuses aux personnels présents qu'ils n'ont pu saluer sur les rangs et les assurent de toute leur gratitude et leur confiance.