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CTC : Une dernière session… au pas de charge et quasiment désincarnée !


Nicole Mari le Vendredi 27 Octobre 2017 à 00:10

C’est la dernière session politique de la mandature, la toute dernière, qualifiée d’administrative, étant programmée le 10 novembre. C’est aussi la dernière session de l’Assemblée de Corse à 51 membres et à 9 conseillers exécutifs. A cinq semaines du 1er tour de l’élection territoriale, on s’attendait à une certaine surchauffe dans l’hémicycle. Ce fut tout le contraire ! Une étrange atonie a régné sur des bancs clairsemés et assoupis. L’ordre du jour assez lourd, qui faisait redouter une séance à rallonge, a été débité au pas de charge sans un battement de cil de l’opposition ! L'effervescence était ailleurs.



CTC : Une dernière session… au pas de charge et quasiment désincarnée !
Ce fut une séance qui n’a ressemblé à aucune autre, paradoxalement la plus calme et la plus consensuelle d’une mandature dont l’intensité a compensé la brièveté. Dans un hémicycle qui, depuis deux ans, depuis l’accession au pouvoir des Nationalistes, vibre sous une tension quasi-permanente, on s’attendait, sous la poussée de l’opposition, notamment de droite, à voir les élus entonner d’un seul chœur la sempiternelle ritournelle électorale, s’essayer à quelques envolées lyriques, se heurter en quelques couacs... Mais de querelle, il n’y en eu point ! Mais de polémique, il n’y en eut même pas l’ombre ! Attendus en mode offensif, les élus avaient opté pour le mode poussif. Jamais les rapports n’ont été adoptés aussi rapidement, à vitesse cadencée et avec une telle unanimité. Pratiquement sans aucun débat ! S’il est vrai que leur nombre particulièrement élevé faisait redouter sur tous les bancs de l’hémicycle la perspective d’une session interminable et de longues veillées, la vérité est que personne n’était d’humeur à ferrailler d’autant que l’Exécutif avait jugé plus sage de renvoyer à d’autres lunes, sous la prochaine mandature, les sujets qui fâchent. Tous n’avaient visiblement qu’une hâte d’en finir au plus vite. Les esprits occupés ailleurs… A défaut de chant de guerre, ce fut le chant du cygne ! Et, à plus d’un titre !
 
La dernière séance
Si la campagne électorale ne s’est pas invitée dans l’hémicycle, elle a envahi les couloirs alentour qui bruissaient de rumeurs contenues. Le seul et unique sujet de conversation des élus, toutes tendances confondues, fut le chaotique mercato de la constitution des listes qui semble bouleverser les équilibres habituels. En un mot, la chasse aux noms ! Chacun essayant de glaner les informations chez son voisin dans une atmosphère un peu fébrile. C’est que l’enjeu est d’importance. Cette session est la dernière d’une collectivité territoriale made in 1982 avant l’avènement de la collectivité unique made in 2018 qui sonne le glas des Conseils départementaux, de leurs pratiques décriées, des monarques de territoire, des hégémonies de chapelle, et, espérons-le, d’une certaine idée de la politique. Ce fut aussi la dernière séance pour les poids lourds qui ont dominé la vie politique insulaire, pour certains, pendant plusieurs décennies. Jeudi matin, à l’ouverture de la der, Dominique Bucchini, José Rossi, Paul Giacobbi assistaient, le premier convalescent et ému de la sympathie témoignée par ses pairs, le deuxième avec une insouciance sereine, et le troisième sombre et bien esseulé, à leur dernier tour de piste. Tout comme le Dr Cordoleani qui retourne à ses patients. D’autres quittent, aussi, l’arène territoriale, mais gardent un mandat municipal comme Paul-Marie Bartoli, Jean Toma, Marie-Antoinette Santoni-Brunelli, François Tatti ou Maria Guidicelli, la seule à être absente… avec pour certains d’entre eux, l’espoir d’un possible retour. Quelque soit le vainqueur des élections le 10 décembre, cette dernière session marque la fin d’une époque, on pourrait même dire la fin d’un monde…
 
N.M.