Corse Net Infos - Pure player corse

CTC – Transport : Un plan pluriannuel d’investissements de plus d’un milliard d’euros !


Nicole Mari le Vendredi 28 Avril 2017 à 00:26

Un plan pluriannuel d’investissements (PPI) de la Collectivité territoriale (CTC), relatif aux infrastructures de transport pour la période 2017- 2026, a été adopté, jeudi après-midi, lors de la session d’avril de l’Assemblée de Corse. Cet outil prospectif de planification liste les attentes, les carences et les besoins, et fixe des objectifs et des moyens. Plus d’un milliard € est programmé sur dix ans, dont deux tiers affectés aux routes, le reste réparti entre le chemin de fer, les ports et les aéroports. Si le principe et les grandes orientations du plan ont fait l’unanimité dans l’hémicycle, les élus de tous bords ont utilisé le débat pour défendre les besoins de leur territoire.



Travaux sur les routes de Castagniccia endommagées par les intempéries.
Travaux sur les routes de Castagniccia endommagées par les intempéries.
C’est une première ! Jamais jusqu’alors les infrastructures de transport n’avaient fait l’objet d’un plan pluriannuel d’investissements (PPI) ! « C’est un premier pas, une plus-value parce qu’on n’avait jamais dépassé le stade d’un simple schéma directeur des transports, nous disposons désormais d’un outil prospectif de planification, susceptible d’évoluer avec la collectivité unique. Les enjeux sont considérables en termes financiers et stratégiques », explique Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse. L’objectif de l’Exécutif est triple : éclairer les élus par un diagnostic fonctionnel très fin du réseau, orienter leurs choix en fonction des capacités financières de l’actuelle, comme de la future, collectivité de Corse, et donner une vision claire et globalisée des opérations qui pourront être exécutées grâce à un calendrier prévisionnel des travaux. « Dans le contexte actuel de baisse généralisée des dotations financières, le PPI devient un outil fondamental, gage de bonne gestion. Dans le contexte particulier de la CTC, la mise en place de cet outil est indispensable. On sort des simples grands schémas qui ne tenaient ni le calendrier des opérations, ni les montants par année mobilisée, on rentre dans la mise en œuvre d’opérationnalité », ajoute Jean-Félix Acquaviva, conseiller exécutif et président de l’Office des transports (OTC).
 
Priorité aux routes
S’attachant à recenser toutes les opérations déjà programmées ou indispensables, le PPI anticipe un montant financier global compris entre 1,1 et 1,3 milliard € pour les 10 ans à-venir. C’est, bien évidemment, le réseau routier qui tire la part du lion avec près de 868 millions € programmés, dont 463 millions € pour les routes territoriales et 405 millions € pour les routes départementales. Les projets listés ont pour but de sécuriser les tronçons accidentogènes et faciliter les dépassements, de fluidifier les entrées des agglomérations, notamment celles d’Ajaccio et de Bastia, et d’engager les opérations financées par la 4ème convention du PEI (Plan exceptionnel d’investissements) avant fin 2020. Sont concernées, notamment, les axes interdépartementaux Sartè-Zonza-Sulinzara et Portu-Evisa-Francardu, l’accès aux sites historiques et grands sites naturels, et les itinéraires de desserte touristique de l’intérieur, comme le Niolu, la Castagniccia, le Boziu l’Alta Rocca, le Bas-Taravu ou encore le Sartenais, qui pâtissent d’un sous-équipement notoire. Au niveau territorial, les travaux envisagés concernent, notamment, les axes I Peri-Casamozza, Aiacciu-Bunifaziu, incluant Pruprià et Sartè, Merusaglia-Calvi et Casamozza-Bunifaziu. Pour les projets hors PEI qui sont crédités de 36 millions € par an, l’idée est de sécuriser les itinéraires, de désenclaver plusieurs microrégions et de réduire les temps de parcours entre les pôles de services et les bassins de vie ruraux grâce à la modernisation des réseaux primaires et secondaires.
 

 Un PEI ferroviaire
Le réseau ferroviaire capte près de 257 millions €, dont 160 millions € qui ne sont toujours pas, pour l’heure, cofinancés. Le reste est investi dans le cadre du PEI, du FEDER et de la CPER pour des travaux de modernisation des voies et matériels. De nouvelles opérations sont programmées, notamment le périurbain de Bastia, d’Ajaccio et de Calvi, avec la réalisation de pôles d’échange multimodal, l’acquisition de nouveaux matériels Tram Train et la réouverture, dans un délai de six ans, de la ligne de la Plaine orientale jusqu’à Folelli. Le coût moyen de cette extension de ligne Casamozza - I Fulelli, soit dix kilomètres de voies ferrées, est estimé à 44 millions €. « La programmation de cette extension est prise en compte dans le PPI. Simplement, nous avons constaté que l’ancienne mandature n’avait pas prévu de cofinancement des travaux. Elle avait prévu le co-financement des études par le PEI et la CPER, mais par leur réalisation. Nous avons inscrit ces investissements dans un calendrier de réalisation sur fonds propres de la CTC, comme d’ailleurs le Tram Train et le pôle d’échange multimodal à Mezzana. Nous affichons la volonté politique dans ce PPI de trouver des cofinancements. Nous renouvelons notre demande d’un PEI ferroviaire pour doter rapidement l’urbain et le suburbain d’infrastructures ferroviaires dignes de ce nom qui permettent au chemin de fer d’être complémentaire de la route », précise Jean-Félix Acquaviva. Le plan prévoit, enfin, d’affecter près de 103 millions € aux infrastructures portuaires et 75 millions € aux infrastructures aéroportuaires.
 
Des revendications sudistes
Le plan proposé est salué uniment par tous les groupes de l’Assemblée qui profitent de l’occasion pour dénoncer le manque de cohésion qui a longtemps prévalu entre la mise en œuvre des infrastructures de transports et une urbanisation anarchique. Mais, surtout, les élus s’empressent de tirer la couverture sur les besoins de leur propre territoire. Notamment les Sudistes ! En tête de pont, l’Ajaccienne Marie-Antoinette Santoni-Brunelli, élue du groupe Le Rassemblement, défend la problématique de l’entrée de ville d’Aiacciu et la pénétrante Aiacciu-Alata. Son colistier, Xavier Lacombe, maire de Peri, plaide pour la réalisation à court terme d’une voie rapide desservant sa commune : « Il faut presque plus de temps pour aller de Peri à Ajaccio que de Paris à Ajaccio. Cela fait 25 ans qu’il n’y a pas eu d’investissement majeur sur la zone du grand pays ajaccien. Nous demandons la deux fois deux voies avancées pour 2018 ». Le Porto-Vecchiais Camille de Rocca Serra rappelle la problématique des infrastructures portuaires de la Cité du Sel.
 

L'actuel port de commerce de Bastia.
L'actuel port de commerce de Bastia.
Silence sur la Carbonite
Le Bastiais François Tatti s’inquiète de l’avenir du projet du port de la Carbonite, du silence de l’Exécutif et de l’annonce d’un projet alternatif : « Ce n’est pas un investissement mineur ! Les décisions, que nous prendrons sur cette infrastructure, seront déterminantes pour toute la Corse. Difficile de faire une programmation quand cette question est en sommeil. En 2015, nous avons engagé toute une série d’études pré-opérationnelles, l’option de réétudier l’extension du port actuel a été écartée lors du débat ». La Sudiste Delphine Orsoni insiste sur « l’importance des routes départementales qui relient l’intérieur aux centres urbains. Les programmes départementaux doivent être menés à terme ». Elle dépose un amendement en ce sens et propose « un sous PPI sur les routes départementales pour rassurer les entreprises, les élus locaux et les populations ». Au total dix amendements sont déposés.
 
Le respect de l’équité
L’Exécutif assure que l’équité territoriale sera respectée. « Ce PPI est une trajectoire d’équilibre. Le calendrier des opérations est fixé selon la maturité de chaque projet, maturité au niveau de l’acquisition foncière, des études environnementales… L’ordre dans le temps est fixé aussi par les capacités financières de la CTC et par des priorités politiques de rattrapage. La priorité est très clairement concentrée sur l’agglomération ajaccienne, mais aussi sur des zones qui ont subi des intempéries et sur lesquelles une quarantaine de millions € seront engagés entre 2017 et 2020 », répond Jean-Félix Acquaviva. La trajectoire sera amendée chaque année en fonction des aléas et des programmations d’opérations qui ont été peu ou pas mises en œuvre. « Une actualisation annuelle permettra d’être dynamique et de réajuster le tir. Cette programmation nous fait rentrer dans l’ère de la maturité économique ».
 
Une abstention positive
Après un passage en Commission pour l’examen des amendements, une partie des élus, notamment de droite, s’est avouée « déçue » de ne pas obtenir les travaux demandés et ont joué, au moment de vote, d’une « abstention positive ». Le plan a été adopté par 36 voix pour, et 15 abstentions. L’Exécutif s’est déclaré satisfait. « Certains territoires qui ont, pourtant, fait l’objet d’une priorisation, ont voulu obtenir plus que prévu. Mais la maturité politique générale commande de rester au stade de l’intérêt supérieur de la Corse, c’est-à-dire la prise en compte à leur juste mesure de tous les territoires qui doivent faire l’objet de rattrapage. Il ne faut pas créer de déséquilibre au gré des débats locaux. Les amendements ont permis de respecter cette trajectoire. Nous sommes très satisfaits parce qu’au final, le PPI en ressort renforcé ! », conclut le président Acquaviva. Une trajectoire d’autant plus nécessaire dans la perspective de la création, en début d’année prochaine, de la collectivité unique pour donner de la lisibilité aux futurs investissements et inscrire l’action politique dans une vision stratégique, lisible et transparente.
 
N.M.