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CTC : L’Office des transports récupère une créance de 13 millions € et répond au maire d’Ajaccio !


Nicole Mari le Jeudi 1 Juin 2017 à 22:48

En 2016, suite à l'annulation de la Délégation de service public (DSP) maritime et à la liquidation de la SNCM, l'Office des transports de la Corse (OTC) a lancé une procédure permettant « d'engager des mesures contentieuses d'exécution forcée dans le cadre de titres émis au profit de l'OTC à l'encontre des débiteurs privés ou publics ». La mobilisation du nouvel Exécutif à réclamer son dû a été payante... Au cours de la session de l’Assemblée de Corse du 1er juin, il a annoncé avoir récupéré près de 13 millions € au titre de la sous charge combustible. Cette manne inattendue permettra d’accentuer la baisse du tarif fret et résident. Explications, pour Corse Net Infos, de Jean- Félix Acquaviva, conseiller exécutif et président de l’OTC. Ce dernier a profité de l’occasion pour répondre au maire d’Ajaccio et à la polémique sur le délai d’exécution du programme routier dans la Cité impériale.



Jean- Félix Acquaviva, conseiller exécutif et président de l’Office des transports de la Corse (OTC).
Jean- Félix Acquaviva, conseiller exécutif et président de l’Office des transports de la Corse (OTC).
- L’OTC vient de récupérer une créance. De quoi s’agit-il ? ?
- Nous venons d’informer l’Assemblée de Corse du résultat des démarches que nous avions initiées, depuis mars 2016, pour réclamer les actifs de la Collectivité territoriale dans le cadre de la liquidation de l’ex-SNCM. Ce que n’avait pas fait l’ancienne mandature. Nous avons écrit au liquidateur, nous l’avons rencontré à Marseille, nous l’avons même mis en demeure et demandé au payeur de lui adresser un commandement d’acquitter ces sommes.
 
- A quoi correspondent ces sommes?
- Il s’agit de la sous-charge carburant, c’est-à-dire des provisions que détenait l’ex-compagnie SNCM sous les anciennes Délégations de service public (DSP), au cas où le prix du carburant augmentait. Comme le prix du carburant n’a pas augmenté, ces sommes étaient exigibles. Nous les avons exigées en dernière limite. Il aurait fallu le faire avant, mais le liquidateur n’a pas contesté ces sommes qu’il a payées par chèque du 12 mai dernier. Ce sont, donc, 12 648 522 € qui entrent immédiatement dans le budget de l’OTC.
 
- Que comptez-vous faire de cette manne inespérée ?
- Nous sommes en train de constituer les compagnies maritimes d’exploitation et d’investissement du futur modèle de gestion de continuité territoriale. Nous avons toujours dit que nous baisserons les tarifs résident et fret. Ce que nous avons déjà fait. Nous avons provisionné pour poursuivre ces baisses dans le prochain contrat de DSP 2019-2029. Il s’agit de baisser le tarif fret marchandises pour la consommation de 17% par rapport à celui de 2015. Idem pour l’export, même si nous sommes déjà allés très loin puisque nous payons, aujourd’hui, 20 € le mètre linéaire. Nous essaierons de passer à 15 € le mètre linéaire.
 
- Idem dans l’aérien ?
- Oui ! Même si dans l’aérien, le contrat de service public datait d’avant notre arrivée aux responsabilités et court jusqu’en 2020. Par avenants successifs, nous nous efforçons de faire baisser les tarifs sur le bord à bord des lignes Nice et Marseille. Dès le mois prochain, le tarif retraité sera porté à 95 € TTC au lieu de 160 € TTC. Nous agirons de même sur d’autres tarifs d’Air Corsica pour rendre le bord à bord accessible entre 78 € et 99 € TTC à partir de toutes les plateformes aéroportuaires. Ceci, à partir également du mois prochain, mais dans des heures creuses et sous certaines conditions. Ce tarif promotionnel sera régulier et offrira des places en nombre suffisant. Enfin, s’il reste un excédent, il consolidera le reliquat déjà constitué et prévisible de 25 à 30 millions € par an et servira aux investissements dans les infrastructures routières, le rail, les ports, les aéroports, et bien sûr dans l'intérieur pour le schéma Massif.

- Lors du dernier Conseil municipal d’Ajaccio, le maire s’est ému des délais de réalisation du programme routier ajaccien. Que lui répondez-vous ?
- Ce débat a eu lieu lors de la discussion du plan pluriannuel d’investissements adopté par l’Assemblée de Corse. Des amendements ont ajouté des clauses de revoyure permettant de faire un bilan annuel et d’adapter les choses en conséquence. Pour Ajaccio, je ne cite qu’un seul chiffre : celui du plan d’investissements exceptionnels (PEI) sur les routes. De 2002 à 2015, aucun programme routier n’a été prévu sur Ajaccio : zéro euro investi ! De 2015 à 2017, suite à notre accession aux responsabilités, 68,8 millions € ont été programmés pour le rattrapage des infrastructures ajacciennes, ce qui correspond à 70% du volume total du budget pour les routes ! Au total, près de 149 millions € de programme routier sont prévus, ce qui représente 35% de l’enveloppe allouée aux routes territoriales dans le cadre du plan pluriannuels d’investissements. Sans compter le reste…
 
- C’est-à-dire ?
- S’y ajoute un investissement de 45 millions € sur 10 ans pour les routes secondaires corses. Le schéma des routes secondaires, qui sera présenté d’ici à la fin de l’année à l’Assemblée de corse, prévoit un volet pour les routes du Sud, notamment les routes ajacciennes puisque la commune compte de nombreuses routes départementales urbaines. Concernant le ferroviaire, 8,9 millions € sont prévus pour la halte ferroviaire et 7 millions € pour les croisements, par exemple, au Ricantu. Ajaccio, comme Bastia, bénéficiera d’une part des 24 millions € dédiés à la commande centralisée et des 54 millions € affectés au tram-train. Dans ce cadre-là, les volumes financiers infrastructurels, routiers et ferroviaires, sont très importants sur Ajaccio pour les dix ans à-venir.
 
- Comment expliquez-vous ce délai de six ans avant la mise en œuvre de certains projets ajacciens ?
- Il est malheureusement normal et dû à l’absence dans le passé de décisions stratégiques ! Lorsqu’on met en place un programme routier ou ferroviaire, il y a, administrativement, des passages obligés. Comme rien n’avait été programmé depuis 2002, ce que l’on programme aujourd’hui doit prendre en compte le temps de régularisation foncière et de réalisation des études environnementales. Le premier coup de pioche de certaines opérations ne pourra être donné que dans six ans. Si nous pouvons aller plus vite, nous le ferons. Par contre, des opérations dans le cadre du PEI débutent tout de suite, elles sont à programmer avant 2020 et à réaliser avant 2024. C’est le cas de la pénétrante pour 30 millions € et de la rocade entre le rond-point de l’avenue Noël Franchini et Alata pour 13 millions €, un marché que l’on vient de faire voter. L’effort de rattrapage est fait sur Ajaccio. Aucune autre mandature ne l’a fait avant. Nous manifestons par là une volonté politique forte. Si la CTC a oublié Ajaccio, c’est la CTC des anciennes mandatures, pas l’actuelle !
 
- Un autre dossier a été adopté concernant la coopération territoriale européenne. Qu’avez-vous acté ?
- Nous avons habilité l’OTC à mettre en œuvre les quatre projets validés dans le cadre du programme Marrittimo européen. Notamment la création du Groupement européen de coopération territoriale (GECT) qui a été lancée à Bastia. Un budget de 1,9 million € a été affectée à la création juridique de cette structure qui regroupe la Ligurie, la Toscane, la Sardaigne, la Corse, le Var et les Alpes maritimes. Ce GECT permettra d’être maître d’ouvrage des opérations d’appels d’offres que nous allons prochainement lancer concernant le service public européen dans l’aérien et le maritime. En premier lieu, les lignes maritimes corso-sardes Porto Torres – Bunifaziu – Santa Teresa, et le fameux métro aérien Corse – Toscane –Sardaigne dont nous présenterons les modalités techniques lors de la prochaine session, fin juin.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.