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CAB : Les communes font front commun pour dénoncer la grève des ordures ménagères


Nicole Mari le Mercredi 16 Septembre 2015 à 22:11

Depuis mardi minuit, les ordures ménagères ne sont plus ramassées dans les cinq communes de la Communauté d’agglomération de Bastia (CAB). L'intersyndicale CGT-CTC, qui avait déposé un préavis de grève il y a une semaine, a brutalement rompu les négociations au moment du vote du protocole d’accord final, qui devait intervenir le 25 septembre. Le point d’achoppement est l’augmentation du temps de travail, aujourd’hui, très faible des agents et la réorganisation des tournées de collecte pour permettre le tri sélectif. Les représentants des communes font front commun pour clamer leur déception, leur colère et leur incompréhension. Explications en vidéo, pour Corse Net Infos, de François Tatti, président de la CAB.



Philippe Peretti, représentant le maire de Bastia, Louis Pozzo di Borgo, représentant le maire de Furiani, François Tatti, président de la CAB, Guy Armanet, maire de Santa Maria di Lota et Michel Rossi, maire de Ville-di-Pietrabugno.
Philippe Peretti, représentant le maire de Bastia, Louis Pozzo di Borgo, représentant le maire de Furiani, François Tatti, président de la CAB, Guy Armanet, maire de Santa Maria di Lota et Michel Rossi, maire de Ville-di-Pietrabugno.
« Le service de collecte des ordures ménagères n’a pas fonctionné cette nuit. Cette grève est, aussi, soudaine qu’incompréhensible ! ». C’est en termes nets et peu amènes que le président de la CAB annonce, sans préambule, le conflit social qui l’oppose à l'intersyndicale CGT-CTC, qui avait, néanmoins, déposé un préavis de grève, une semaine auparavant. Seulement 30 agents sur 73 sont en grève, mais le blocage du dépôt rend tout travail impossible. La pomme de discorde concerne, notamment, la réorganisation du service de collecte en vue de changer de modèle de gestion des déchets et de mettre en place le tri sélectif. « Ce service fonctionne mal, il n’est pas efficient, mais coûte cher, près de 5 millions € dont 3,6 millions servent à payer la masse salariale ». A cela s’ajoute, le coût du traitement que l’absence de tri sélectif rend presque aussi élevé. « Ces coûts exorbitants nous entrainent dans une spirale mortelle. La population exprime, au quotidien, un mécontentement que nous partageons. Il y a la nécessité de réformer le service qui n’est pas rendu de manière convenable », ajoute François Tatti.
 
Des temps de travail indécents !
Deux audits livrent un constat accablant : le service de collecte reste encore, trois ans après son transfert à la CAB, une juxtaposition peu rationnelle des services municipaux et non un vrai service communautaire. Les temps de travail sont disparates et si faibles que le président de la CAB n’hésite pas à les qualifier « d’indécents ». L’audit montre que le temps de travail varie de 1h24 à 3h51 par jour pour un salaire d’au minimum 1800 € par mois ! La CAB propose, donc, à ses personnels un protocole de réorganisation du service à travers une rationalisation des tournées de collecte, la remise à plat des horaires de travail et le recadrage des secteurs d’intervention. Plus d’un an et demi de négociations et d’ajustement aboutissent à une impasse. « Nous comprenons que certains agents refusent d’évoluer, mais que les syndicats les cautionnent, ce n’est pas acceptable ! », assène François Tatti qui stigmatise « le refus du dialogue et de la moindre modification ».
 
Un front commun
Le président de la CAB ne cache pas sa colère et sa déception d’autant que la veille, à l’issue d’une ultime réunion de travail avec les partenaires sociaux, il pensait tenir son accord.
Des sentiments partagés par les représentants des communes qui l’entourent. « Je suis déçu et assez désabusé parce que je pensais que le dialogue avait sa place. Nous ne demandons pas l’excellence tout de suite, mais de tendre vers l’acceptable pour rendre aux usagers un service de meilleure qualité. Nous demandons aux personnels de faire le travail pour lequel ils sont payés et de faire le tri sélectif. Cette réorganisation est perfectible. Nous sommes prêts à encore négocier », renchérit le maire de Santa Maria di Lota, Guy Armanet.
Philippe Peretti, élu communautaire, représentant du maire de Bastia, en déplacement en Italie, exprime « la cohésion et l’unité des communes membres dans cette épreuve ». Pour lui, le protocole permettant l’examen de toutes les situations possibles, il estime cette grève « mal venue, je n’en vois pas l’intérêt ! ». Il rappelle que « l’important est l’intérêt des populations qui attendent une collecte bien organisée et sans nuisances ».
 
L’appel à la raison
C’est aussi l’avis de Louis Pozzo di Borgo, élu communautaire, représentant du maire de Furiani : « Le seul principe qui puisse prévaloir est celui du travail et du travail bien fait. Nous sommes en droit d’attendre un service de qualité. Chaque commune est confrontée au mécontentement des citoyens sur la qualité du service. Les collectes sont obsolètes. Il faut les repenser ! ».
Enfin, Michel Rossi, maire de Ville-di-Pietrabugno, s’inquiète des conséquences de cette grève pour la population et pour l’institution communautaire. « Il y a suffisamment d’inquiétudes par ailleurs à la CAB pour ne pas en rajouter ! Je souhaite une attitude plus responsable des syndicats qui, j’espère, vont revenir à la raison. Il s’agit de la propreté de nos rues et de l’image de la CAB ! ». Un appel, pour l’instant, resté lettre morte puisqu'aucune rencontre avec l’intersyndicale n’est programmée. Affaire à suivre…
 
N.M.
 

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