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Biguglia : Quels outils pédagogiques pour les élèves à besoins éducatifs particuliers ?


le Mercredi 18 Février 2015 à 23:42

"De la connaissance des neurosciences aux outils pédagogiques mis au service des élèves à besoins éducatifs particuliers" : tel était le thème des deux conférences données mercredi à l'espace culturel Charles-Rocchi de Biguglia par le docteur Dominique Sappey-Marinier et le professeur André Giordan dans le cadre d'une nouvelle journée de formation engagée par la direction départementale des services de l'Education Nationale de Haute-Corse depuis Février 2014.



Biguglia : Quels outils pédagogiques pour les élèves à besoins éducatifs particuliers ?
La réflexion engagée depuis se poursuit.
Un réseau de 100 personnes ressources issues de l'Education  Nationale, en liaison avec les partenaires investis dans l'accompagnement éducatif et pédagogique des élèves à besoins éducatifs particuliers s'est réunie en Janvier au lycée Giocante. Il a notamment permis d'ouvrir une fenêtre sur la façon dont les troubles "Dys" sont repérés et accompagnés.
Nouvelle étape de cette formation : la journée de de rencontre de mercredi à Biguglia avec tous les personnels du premier et second degré du département marquée par deux conférences dont les thématiques ont été choisies en réponse à leurs attentes.
Elles ont été données par deux scientifiques reconnus au niveau national et international pour leurs travaux qui contribuent à l'évolution des pratiques d'apprentissage dans le repérage et l'accompagnement des "Dys" : Le docteur Dominique Sappey-Marinier qui a appréhendé les nouvelles connaissances dans le domaine des neurosciences notamment en imagerie cérébrale  et le professeur André Giordan, spécialiste de l'enseignement des sciences qui a axé son propos sur une approche méthodologique des apprentissages adaptés au plus grand nombre et plus spécifiquement aux élèves à besoins éducatifs particuliers.

Les explications de Catherine Mercier-Benhamou, directrice académique des services de l'Éducation nationale de la Haute-Corse
- Pourquoi cette journée
- C'est une journée de conférences destinées à approcher les élèves à besoins particuliers. Elles sont destinées à la fois aux personnels enseignants du premier et du second degré mais également aux autres professionnels acteurs de l'Education Nationale comme les directeurs d'école, les chefs d'établissement, psychologues, conseillers d'éducation, personnels de santé, sociaux. Tout cela s'inscrit dans une formation départementale de 2 ans. Nous sommes aujourd'hui a mi-parcours de cette démarche.

- Cela correspond à un besoin ?
- Les besoins éducatifs particuliers sont une obligation. Ils s'adressent à des enfants qui sont dans le champ du handicap, dans celui de l'enseignement adapté mais également aux enfants qui viennent d'arriver sur le territoire français et aux enfants à haut potentiel ou intellectuellement précoce qui ont besoin d'avoir les procédures d'apprentissage adaptés à leurs attentes.

- On une idée de leur importance ?
- En Haute-Corse il y en a environ 2% dans le champ de l'enseignement adapté et a peu près autant sur le champ du haut potentiel. C'est une obligation de se pencher sur ce type d'élèves. Nous sommes de plus en plus dans une approche de pédagogie différenciée.

- Les résultats obtenus ?
- L'Académie de Corse scolarise la totalité des enfants en situation de handicap. Elle a aussi un regard attentif dans la gestion de la problématique de l'autisme. En Haute-Corse nous avons ouvert une classe en élémentaire l'année dernière. Un collège a fait de même dans le cadre d'une Ulis (Unité locale d'inclusion scolaire). Et nous allons ouvrir une unité de maternelle à la rentrée prochaine. Cela veut dire que nous répondons bien aux besoins et nous essayons d'avoir une réaction par rapport à la problématique globale de toutes les difficultés d'apprentissage.

Questions au docteur Dominique Sappey-Marinier

Le docteur Dominique Sappey-Marinier et Catherine Mercier-Benhamou
Le docteur Dominique Sappey-Marinier et Catherine Mercier-Benhamou
Dominique Sappey-Marinier est enseignant-chercheur en neurosciences, biophysique et imagerie médicale à la faculté de médecine de l'université de Lyon. Mercredi à Biguglia, il était l'invité de la direction départementale des services de l'Education Nationale.

- Le sens de votre intervention

- J'ai fait état des  découvertes que l'on a fait depuis une vingtaine d'années en neurosciences dans le cadre de la compréhension du fonctionnement du cerveau pour appliquer ces nouvelles données à la pédagogie. C'est ce que l'on appelle la neuro-éducation. On essaye donc de mieux comprendre comment fonctionne le cerveau, mieux comprendre comment fonctionne l'apprentissage pour l'introduire dans les méthodes pédagogiques et, in fine, transmettre le message auprès des enseignants.

- Quel est l'essentiel de ce message ?
- Il est compliqué et dépend des élèves. Le système d'apprentissage est complexe. Il demande de la motivation. Il impose de nouvelles connaissances. Il requiert, aussi, l'ouverture à l'autre. En fait, il faut veiller à la, bonne, transmission de ce message entre l'enseignant et puis l'élève.

- Il pourrait être adapté à chaque élève ?
- Idéalement il faudrait presque un message adapté à chaque élève. Il faudrait, par exemple que le professeur s'adapte aux émotions de l'élève, au savoir culturel de l'élève puisque en fonction de ces différentes références l'élève ne va pas recevoir le message de la même façon ou ne pas le recevoir du tout. Puis dans un second temps nous nous intéressons aussi aux élèves qui ont des difficultés d'apprentissage comme ceux confrontés à des troubles "Dys" et ceux à fort potentiel intellectuel. Souvent on ne voit que chez ces derniers l'aspect un peu flatteur d'enfants qui ont des capacités intellectuelles plus élevées que les autres. Mais il faut bien savoir qu'une grande partie d'entre eux ont des difficultés sociales et d'apprentissage et, parfois, psychologiques très importantes. Il faut, eux aussi, bien les connaître car, ils ont un fonctionnement particulier pour leur transmettre le message et pour que l'apprentissage soit efficace.

- Cela implique une formation en amont pour les enseignants ?
- Il faut que l'enseignant ait une meilleure connaissance de ce type d'élèves pour savoir comment adapter sa pédagogie, comment adapter son message et son intervention auprès de ces élèves. Si on reste dans une position un peu frontale, si l'élève n'est pas réceptif pour différentes raisons, le message ne va pas passer.