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Bernard Cazeneuve à Ajaccio : Où il est question du respect de l’unité de la République et de la riche singularité corse


Jacques-François Vinciguerra le Mercredi 30 Décembre 2015 à 15:44

Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur a effectué une véritable visite-marathon, mercredi matin, à Ajaccio. Il a commencé sa tournée par le centre de secours des sapeurs-pompiers de la ville où il a été accueilli par le colonel Salinesi accompagné du député-maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli et du président de la CAPA Jean-Jacques Ferrara. Il a ensuite rencontré, en comité restreint, les équipes du SDIS et les pompiers qui se trouvaient à bord des camions la nuit du 24 au 25 décembre. Une heure plus tard, la délégation ministérielle s’est dirigée vers le quartier des Jardins de l’Empereur où l’attendaient les membres de l’association du quartier. Le ministre de l’Intérieur s’est entretenu longuement avec les gens du quartier et échangé sur divers points. Bernard Cazeneuve s’en dirigé peu après dans le quartier du Vittulo où se trouve la salle de prière qui avait été vandalisée, pour assurer les responsables du soutien de l’Etat, avant de prendre la direction du commissariat d’Ajaccio puis de la préfecture de région



Le ministre de l’Intérieur a réaffirmé sa volonté de s’opposer fermement à la banalisation de ce genre de faits. Il a également affirmé sa réprobation après les incidents qui se sont déroulés aux Jardins de l’Empereur le 25 décembre et les jours suivants, ainsi que le saccage de la salle de prière du quartier Saint Jean. Entre deux visites, Bernard Cazeneuve s’est exprimé une première fois !


Condamner ces faits avec la plus grande fermeté
« Dans ce quartier où je me trouve, ce qui s’est passé est absolument inacceptable. Les violences commises doivent être condamnées avec la plus grande fermeté. Je tiens à exprimer ma réprobation la plus ferme à l’égard de ceux qui ont commis des actes racistes et xénophobes qui n’ont pas leur place dans cette île et qui ne correspondent pas à la culture de ce qu’est la Corse. En Corse, il  n’y a pas de place pour la violence ni pour le racisme et je suis convaincu que c’est là, la volonté de l’ensemble de ceux qui vivent ici. C’est également la volonté des élus de Corse dans la multiplicité de leurs sensibilités qui se sont exprimés de façon extrêmement claire, nette et de façon absolument responsable pour condamner ces actes. Je tiens ici même à les remercier… »
Après une visite éclair au commissariat d’Ajaccio, le ministre de l’Intérieur s’est aussitôt rendu à la préfecture de la Corse pour y rencontrer, dans un premier temps, les représentants du Conseil Régional du Culte Musulman avec lesquels s’est engagé un tour de table qui a duré une bonne heure. Il a également rencontré les élus de l’île pour évoquer le contrat de Plan et l’inclusion dans celui-ci du quartier des Jardins de l’Empereur.
Contrairement au député-maire d’Ajaccio présent aux côtés du ministre depuis son arrivée sur le sol ajaccien, les présidents du Conseil Exécutif et de l’Assemblée de Corse ont retrouvé Bernard Cazeneuve dans le hall de la préfecture en fin de visite. S’agissait-il pour Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni de marquer leur réprobation à la suite des propos tenus par le Premier ministre Manuel Vals dans le quotidien « Le Parisien » ? Les deux élus de la Collectivité Territoriale de Corse se sont exprimés sur ce point (voir par ailleurs).  


Les Corses ont été horrifiés…
"L'Etat doit incarner et faire respecter l'unité de la République, tout en prenant en compte la riche singularité de votre île", a déclaré Bernard Cazeneuve dans son allocution à la préfecture de Corse, regrettant que "l'image de la Corse ait pu être ternie" par les récents incidents et souhaitant que l'île reste "une terre de fraternité et de respect".
« Nous devons faire en sorte que les auteurs de telles exactions soient arrêtés, traduits devant la justice et punis. D’ores et déjà deux individus sont mis en examen et devront rendre compte de leurs actes » a poursuivi le Ministre qui s’est adressé ensuite aux forces de l’ordre :
 
« Je souhaite saluer le travail des services de police et de gendarmerie qui ont fait preuve de professionnalisme et de dévouement. Cela force mon admiration. Je ne peux laisser dire ou écrire que les incidents qui ont marqué la nuit du 24 décembre dans cette ville traduisent un défaut de vigilance de leur part ou celle de l’Etat. C’est l’action des forces de sécurité, sous l’autorité du préfet, qui a permis d’obtenir rapidement un retour à l’ordre dans le quartier et qui a empêché toute nouvelle prise à partie des sapeurs-pompiers. Une trentaine de fonctionnaires de police a été déployée aussitôt  et le 25, une présence policière a été assurée 24 h sur 24 dans le quartier. Cela a permis d’éviter à la ville et à ses habitants des incidents de grande ampleur.
Le respect, comme le savent si bien les Corses, c’est d’abord le respect d’autrui, de notre voisin, de notre compatriote, quel qu’il soit, aussi bien celui de l’étranger de passage qui sera accueilli avec chaleur et fraternité.   
Je sais que nombreux sont les Corses à avoir été blessés lorsque leur île a été décrite par certains, injustement, à la lumière des événements de Noël, comme une terre de racisme et d’intolérance. Vous avez rappelé à raison que l’honneur de la Corse était d’avoir été de longue date une terre de tolérance religieuse, elle qui n’a jamais accepté de livrer un seul Juif, compatriote ou réfugié, aux autorités d’occupation pendant la seconde Guerre Mondiale. C’est pourquoi les violences commises dans un lieu de culte Musulman, comme celles qui ont visé un commerce en raison de l’origine supposée de ses propriétaires, ne peuvent être tolérées.  Afin d’éviter la répétition de tels actes, la protection des lieux de culte musulmans a été renforcée dans toute l’île. La République laïque continuera à protéger l’exercice du culte. Un comité opérationnel sera prochainement installé.
Je vous engage à garder ce cap, à continuer à jeter des ponts, à faire que l’esprit de dialogue et la fraternité continuent à irriguer l’ensemble de la société corse. Le respect de la loi de la République c’est aussi la lutte contre toutes les formes de délinquance. »  
 
Des chiffres qui parlent…
Le Ministre de l’Intérieur a fait allusion aux statistiques établies depuis trois ans en Corse. Il a notamment rappelé la diminution du nombre de règlements de compte (5 en 2015 contre 20 en 2012), avec ce commentaire :
« Certains qui sont toujours prompts à faire des commentaires hasardeux devraient avoir la mémoire de cela. Mais c’est le cas aussi en matière de lutte contre la délinquance générale et quotidienne, qui a bénéficié de moyens renforcés depuis 2012. Cet engagement humain se traduit par des résultats tangibles. A l’échelle de la Corse, contrairement à ce qui a été écrit de façon erronée et irresponsable ces derniers temps, les chiffres de la délinquance sont orientés à la baisse. Entre 2012 et 2014, le nombre des faits constatés est en baisse, le taux d’élucidation progresse, l’activité dans le domaine des stupéfiants, priorité de l’Etat, a conduit à une progression de 15% du nombre de procédures engagée. Le nombre des homicides a été divisé par deux depuis 2012 et celui des vols avec violence divisé par 5. »  
Bernard Cazeneuve a également évoqué certains politiques - « qui ne le sont pas en fait » -  dénoncer l’affaiblissement des autorités, la réduction des moyens de force, de sécurité et de justice :
« Ceux-là oublient de saluer l’action continue des forces de l’ordre qui, dans le contexte de la lutte contre le terrorisme, mais aussi du combat contre toutes les formes de délinquance, a conduit les gendarmes et les policiers à gagner l’estime profonde de nos compatriotes. Ils oublient que le droit ne passe que si les enquêtes conduites sous l’autorité du Procureur de la République le sont sereinement » 
Le ministre est revenu à la situation qu’à connue Ajaccio ces derniers jours :
« A Ajaccio, aucun quartier n’a été et ne sera abandonné par la République. La majorité des gens des quartiers aspire à une vie calme, paisible. Ils saluent l’action de la police et dénoncent les agissements de certains. Cette demande est entendue par les services de l’Etat qui renforcera, dans les jours à venir, un plan d’action spécifique au quartier. Ce plan  sera fondé sur le renforcement dans la durée, de l’action de tous les services de police, sur la multiplication des contrôles, et sur la poursuite d’une action ciblée, de lutte contre toutes formes de trafics, notamment le trafic de stupéfiants.
Une maison des services public sera créée dans le courant de l’année 2016, en partenariat avec la CAF, la mairie et la CAPA. Plusieurs projets pourraient également voir le jour. Je souhaite que tous les services travaillent en parfaite synergie avec les collectivités locales, les partenaires associatifs et les autres services publics, cela pour désenclaver les quartiers des Jardins de l’Empereur et donner aux habitants la possibilité de vivre l’existence paisible et féconde à laquelle ils aspirent.
»
 J.-F. V.

La visite de Bernard Cazeneuve en images