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Bastia : Quand le "c'est pas vous, c'est nous" s'invite au conseil municipal…


le Mardi 1 Mars 2016 à 21:37

Un débat d’orientations budgétaires, indispensable, n’est pas ce qu’il y a de plus excitant dans la vie d’une collectivité. Celui de mardi soir, interminable, a donné lieu, comme c’est souvent le cas, dès lors qu’il a pour cadre la salle des délibérations du conseil municipal de Bastia, à de vives critiques de la part de l’opposition et à des remarques qui ne l'étaient pas moins de celle des membres de la nouvelle mandature.



Mais plusieurs heures auront été nécessaires pour aller au terme de la réunion au programme de laquelle figuraient le débat d'orientations budgétaires, l’examen du plan pluriannuel d’investissement et des autres questions inscrites à l’ordre du jour. Un débat qui s’est parfois transformé en longs monologues qui a amené le maire Pierre Savelli à évoquer un éventuel temps de parole pour l'avenir...


Mardi soir c'est donc le débat d'orientations budgétaires et le plan pluriannuel d'investissement,  longuement évoqué la veille devant la presse et repris point par point par Joseph Massoni, l'adjoint au maire de Bastia en charge des finances, qui a fait l'objet de mille et une observations.
Le premier à dire son inquiétude, à propos de ce PPI qualifié de "raisonnable", a été Jean-François Paoli. 
Mais le ton a changé après les premières remarques du conseiller municipal du parti radical qui a regretté au passage que l'on ait "raté une capacité d'économiser sur ce qui est la plus grande richesse d'une collectivité ses agents - c'est ce qui coûte le plus cher parce que c'est ce qui a le plus de valeur -  ce qui aurait rendu les chiffres plus faciles et les capacités d'engagement surement supérieures à ce qu'elles sont."

Francis Riolacci qui lui a succédé a changé de ton. Pour successivement affirmer haut et fort "la réduction assez brutale de l'excédent de gestion."
L'élu communiste a aussi profité de l'occasion pour souligner qu'entre 2014 et 2015 "40 millions d'euros étaient à mettre au crédit de l'ancienne mandature pour des programmes qui étaient largement engagés" .
Et de citer le centre culturel des quartiers sud "baptisé Alb'Oru", celui de la voie douce baptisée "spassi mare, mais c'est toujours le programme que nous avons engagé." Cité encore le parking Gaudin baptisé lui "Spaziu Gaudin" ce qui me fait dire que vous avez beau changer le nom vous ne pouvez pas occulter cette réalité : le parking Gaudin ne peut pas être mis à votre crédit" a encore martelé Francis Riolacci.
L'élu communiste a longtemps continué sur ce même ton, sur tous ces investissements dus "aux 2/3 par l'ancienne mandature" puis a embrayé sur les perspectives financières et conclut que par-delà sa "propagande" l'équipe municipale ne présentait qu'un "catalogue et non pas un programme de réalisation" pour lequel il était "faux" de prétendre que les "impôts ne seraient pas relevés "à Bastia.


Jean Zuccarelli, offensif lui aussi, lui a emboîté le pas pour dénoncer le 'manque de vision de la nouvelle mandature'  qui a laissé 'passer l'occasion  de préserver son épargne brute'. "Le compte n'y est pas", "Session de rattrapage", "Décevant", "Bastia a perdu son dynamisme", "Retard" sont les termes qui sont revenus le plus souvent dans le discours tenus par l'élu radical à la faveur de ce débat d'orientations budgétaires et de l'évocation du PPI.
 


Mais c'est bien connu, si la meilleure défense c'est l'attaque - les opposants en ont usé à profusion - le contre peut s'avérer aussi redoutable. 
Michel Castellani, le premier, a dénoncé un mauvais procès que l'on faisait là à la nouvelle équipe municipale qui, à l'inverse de la précédente "prend le vent fiscal de face dans le cadre d'une conjoncture massacrante" . Une équipe municipale qui présente, selon lui , "un budget qui est responsable et qui écarte les dangers de la dérive de l'endettement et celui du renoncement à l'ambition" pour Bastia.
"Aujourd'hui j'attends que l'on me démontre que l'on pouvait proposer autre chose que ce que nous proposons : ou alors on choisit d'empêcher la ville d'évoluer en renonçant à tout recrutement , en fermant l'Alb'Oru, en ne procédant pas à de revalorisations salariales, en abandonnant la voie douce, le parking Gaudin ? Tout ça n'est pas sérieux mais ç'aurait pu être une première hypothèse de travail. Une autre aurait consisté à écraser encore plus le contribuable bastiais, rendre la ville répulsive. Ou alors à poursuivre sur les flux que vous avez mentionnés en inadéquation totale avec les recettes actuelles" a souligné Michel Castellani pour ce qui ce budget "réaliste et responsable" est parfaitement maîtrisé.


Pour Emmanuelle de Gentili "le contexte budgétaire ne peut être ignoré" mais l'adjointe au maire n'a pas manqué de lancer à l'attention de ceux qui estiment que la ville est  à "l'abandon et à l'arrêt" que si ceux qui étaient aux affaires auparavant, à la municipalité et à la communauté d'agglomération, avaient fait preuve d'anticipation, la collectivité aurait disposé d"une marge de manœuvre plus confortable.
"Nous ne sommes pas des héritiers mais nous avons un héritage"  a t-elle souligné en citant maint exemples  de ce lourd héritage : le budget 2009, Bastia et la CAB confiné dans un territoire non pertinent, annonce des financements du théâtre et de la voie douce alors qu'ils ne l'étaient pas, Carbonite, commercialisation de la ZAE, allocations compensatoires etc…


Jean-Louis Milani a poursuivi en souligant un "bon rapport et la qualité du travail réalisé". De nature, selon lui, à balayer toutes les critiques.
"Notre majorité n'aurait aucun projet mais malgré un contexte financier tendu, malgré l'état dans lequel nous avons trouvé les finances de la ville mais aussi celles de la CAB, malgré ce handicap nous avons un programme ambitieux à hauteur de 92 millions d'euros pour un niveau de réalisation de 15 millions d'euros par an".  L'adjoint au maire a balayé ensuite l'argument selon lequel la majorité ferait prendre du retard  à la ville en rappelant l'état d'abandon dans lequel se trouvaient certains équipements publics qui "étaient à la limite des normes de sécurité". Ou que " la majorité serait en panne d'idées ? Mais nous en avons. Pas beaucoup d'argent certes, mais quand on réalise en quelques semaines 500 places de parking gratuites reliées pour la plupart avec le centre-ville pour 80 000€ , si ce ne sont pas des idées c'est quoi?


Jean-Louis Milani, bientôt imité par Gilles Guerini puis par Philippe Peretti, a continué sur le même ton en rappelant que les délais de règlement aux fournisseurs de la ville étaient désormais de 30 jours alors qu'auparavant ils étaient de 90 à 150 jours, que les charges de gestion étaient  contenues et les dépenses de personnel maîtrisées avec un effectif stable (666 agents au 31 Décembre 2014 avec l'intégration de 21 CDD embauchés à la veille des élections contre 683 au Décembre de l'année dernière), que la masse salariale était contenue etc...
Bref un long et fastidieux débat auquel Pierre Savelli mit un terme en soulignant que le document était en rapport avec les capacités de la ville qui sont fonction du contexte et qu'il était "fier d'avoir porté ce document et fier du plan d'investissement cohérent" proposé.
Après quoi l'assemblée communale a repris le cours, plus concret, de son ordre du jour : celui concernant le budget et le PPI, avec cette fois, un vote à la clef, viendra plus tard.
On ose cependant espérer que le prochain débat ne tournera pas uniquement autour des termes "c'est pas vous, c'est nous" ou "c'est nous, c'est pas vous"...