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Ajaccio : Malgré la gronde, les commerçants ambulants seront désormais place Miot


le Samedi 23 Mai 2015 à 22:34

Exaspérés par une délibération municipale qui entend déplacer le marché forain hebdomadaire place Miot, les commerçants ambulants ont entendu employer la manière forte pour se faire entendre, provoquant la panique dans le centre-ville de la cité impériale samedi matin. Pendant toute la matinée, ils ont en effet investi le square Campinchi et bloqué le secteur à la circulation afin de manifester leur mécontentement. Une délégation a été reçue à la mairie en fin de matinée pour discuter de la situation



Ajaccio : Malgré la gronde, les commerçants ambulants seront désormais place Miot
Concert de klaxons samedi matin dans le centre-ville d’Ajaccio. Pendant toute la matinée, impossible de circuler dans le secteur du square Campinchi. En cause, une longue file de camions parqués volontairement sur la route depuis les coups de 8 heures. Une action coup de poing des forains, qui ont en effet voulu bloquer le centre ville pour manifester leur mécontentement.
« Nous avons appris lors de la foire Saint Pancrace qu’il y avait eu à la mairie d’Ajaccio une délibération de prise pour déplacer une nouvelle fois le marché, non pas sur les emplacements qu’on nous avait promis il y a maintenant un an et demi, mais sur la place Miot, c’est à dire totalement excentrés du centre-ville d’Ajaccio. Donc aujourd’hui, par cette action, on veut exprimer notre mécontentement », explique Marie-Hélène Versini, commerçante ambulante depuis presque 30 ans.
 
Les forains s’estiment en effet lésés : depuis le début des travaux du square Campinchi, ils se sont vus relégués place Abbatucci. Un emplacement, nettement moins fréquenté par de potentiels clients que l’ancienne place du marché, et qui a donc eu un impact immédiat sur leur chiffre d’affaires. Pire, cette mauvaise passe a été amplifiée par le fait qu’il n’y ait eu aucune communication sur leur présence à cet endroit.
« Sur la place Abbatucci, il n’y a pas assez de place pour tout le monde. Et donc il y a des samedis où on peut déballer, mais aussi d’autres où on doit rentrer chez nous. Cet hiver ça a été vraiment une catastrophe parce que nous n’avons pas pu travailler sereinement et aujourd’hui nos activités en souffrent », déplore Marie-Hélène Versini.
 
La colère gronde chez les forains
Ce samedi matin, ils ont donc décidé d’investir le square Campinchi. « Aujourd’hui on reprend notre ancienne place. La place qu’on nous avait promis de récupérer au début des travaux », lance Marie-Hélène Versini.
Pour marquer le coup, chacun sort son parasol. Ce qui donne un aspect de marché fantôme au futur parking provisoire. La colère gronde dans les rangs.
« On ne cherche pas l’affrontement mais on est obligés d’en arriver là pour qu’on nous écoute. Ce qu’on demande aujourd’hui, c’est de pouvoir travailler », regrette l’une des foraines.  « Ca fait 28 ans que je suis forain et je n’ai jamais vu ça », rage un autre, « Sur la place Miot, c’est la misère et le chômage qui nous attendent ». «  C’est pas parce qu’on est des commerçants ambulants qu’on doit être trimballés d’un endroit à l’autre de la ville », proteste quant à elle Marie-Hélène Versini
 
Un représentant de la mairie arrive. Il indique aux forains qu’une délégation est attendue au sein de la Maison Carrée. Et reçoit une fin de non recevoir de la part des  commerçants. Ils veulent faire descendre le maire, ou l’ un de ses adjoints, sur la place du marché. Alors on attend. Et l’attente dure. S’éternise. Le représentant de la mairie revient. Le maire n’est pas là. La délégation est attendue à la mairie. Du côté des commerçants on cède, finalement.
 
Une délégation reçue à la mairie
Une poignée d’entre eux part discuter avec le directeur de cabinet du maire, Antoine Maestrali, et Christian Balzano, adjoint au commerce et à l'artisanat. Le ton monte. Des deux côtés on entend faire valoir ses arguments.
Quand la délégation sort de la réunion, en fin de matinée, les commentaires ne sont font pas attendre.
« Nous avons reçu des forains ambulants ce matin pour une discussion qui s’est passée dans de bonnes conditions. Il faut prendre en compte une situation et un contexte économiques qui sont très difficiles pour la ville et pour ces professionnels », souligne Antoine Maestrali. « Cela fait maintenant 3 ans que ces commerçants ont été déplacés dans la montée de la gare, et qu’ils ont vu leur activité fortement pénalisée du fait des travaux engagés sur le parking Campinchi. Au niveau de la ville nous avons étudié le dossier pour pouvoir trouver rapidement une solution d’emplacement qui soit plus attractive pour ces commerçants qui exposent les samedis et dimanches matins. Nous sommes ressortis de la réunion avec un accord. Nous allons revoir dès la semaine prochaine les commerçants. Nous sommes également en train d’étudier différentes solutions d’aménagements, notamment l’étalement de leur activité, ou éventuellement une solution alternative. En contrepartie, ils ont accepté de se déplacer place Miot, dans un premier, temps pour expérimenter ce nouvel emplacement, puisque de toutes façons le constat était que leur emplacement actuel n’est pas satisfaisant », enchérit-il.
 
Mais le son de cloche n’est pas tout à fait le même du côté des forains. « La majorité des forains est contre cette décision », lance-t-on dans les rangs.
« Les élus nous ont écouté. Ils nous ont fait la proposition d’avancer le marché à samedi prochain sur la place Miot. Mais au lieu de demies journées, nous pourrons y rester la journée entière. Ce n’est qu’un essai. On nous demande de faire un effort sur un mois pour pouvoir travailler. Si l’essai n’est pas concluant, ils travailleraient peut être pour nous proposer la place du Diamant », résume Marie-Hélène Versini, avant d’ajouter : « Franchement, nous ne sommes pas satisfaits ! On aurait aimé rester dans le centre-ville. Le principal pour nous c’est d’être au cœur de la ville. C’est là que les bateaux de croisière arrivent, et on nous met très loin. Nous sommes sortis de cette réunion en disant que l’on veut faire cet essai, mais qu’on est persuadé que ça ne va pas fonctionner. On sera plus qu’isolé à la place Miot ! », conclue-t-elle.
 
Avant de lever le camp, on entend encore la gronde dans les rangs. La décision de placer le marché forain place Miot, même pour un essai, est décidément loin de faire l’unanimité. « Pourquoi pas nous mettre au cimetière ou au col de Vizzavona. C’est n’importe quoi ! », peste l’un des forains.

Les commerçants ambulants pourraient de nouveau mener une action dimanche matin.

Manon PERELLI

En début de soirée, le regroupement des commerçants ambulants nous priait d’insérer ce communiqué :
 
« Cette action effectuée en ce samedi vingt trois mai avait pour seul but de défendre notre droit au travail et à l’exercice de notre métier de commerçants ambulants. L’objectif était donc de revenir sur les lieux où s’était toujours tenu le marché bien connu de tous les Ajacciens. Après deux années passées près de la gare d’Ajaccio nous avons vu nos chiffres s’y effondrer et désormais à l idée de nous retrouver au nouvel emplacement désigné par la mairie, notre moral est atteint. Ce matin après une table ronde avec les élus et quelques commerçants ambulants le dialogue a été engagé sur un ton d’écoute et de compréhension de la part des élus. Nos divergences évidentes sur le lieu choisi ont été clairement mises à jour . Il en résulte que notre corporation qui ne désire plus être " "baladée "d’ un endroit à un autre, a malgré tout accepté d’installer un marché en ce nouveau lieu qu’est pour nous la place Miot. Cela également pour montrer notre bonne foi et notre ouverture au dialogue et aux idées des élus . Mais si cette expérience n’est pas concluante, d’un commun accord avec nos élus nous reverrons le choix d un endroit plus favorable à nos activités . Devant des élus ouverts au dialogue , il était inconcevable de notre part de ne pas montrer notre bonne volonté . Nous serons donc en place aux dates prévues sur la place Miot pour une ultime tentative. Le résultat financier sera lui le point déterminant quant aux dialogues futurs avec nos élus . Nous espérons que la réunion de ce matin avec les engagements respectifs pris de parts et d’autres seront tenus.     Nous sommes abattus tristes et fatigués sur le plan moral et physique. Puisse la commune à laquelle nous sommes rattachés ne pas nous décevoir en ces temps difficiles. Jamais nous ne demanderons d’aide financière , nous demandons simplement notre droit au travail que nous jugeons légitime car le commerce de la rue est le lien essentiel entre les habitants d’une cité.  Nous souhaitons vivement que chacun ne juge pas mais analyse les difficultés que nous rencontrons ».