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Ajaccio : Cérémonie d'hommage aux harkis et nouveau plan d'intégration pour la communauté


Marilyne SANTI le Jeudi 25 Septembre 2014 à 23:00

À l’occasion de la journée nationale d’hommage aux harkis et autres membres des formations supplétives ce jeudi 25 septembre, une cérémonie a eu lieu à Ajaccio devant le monument aux morts Place de Gaulle. Porte-drapeaux, délégations d’associations d’anciens combattants, autorités civiles et militaires étaient présentes à l’arrivée de David Myard, directeur de cabinet du préfet de Corse et des personnalitésl qui l'’accompagnaient. Le clairon a sonné « Aux champs » et lecture a été faite du message du Secrétaire d’Etat aux Anciens combattants et à la Mémoire. La cérémonie s’est ensuite poursuivie par le dépôt de gerbes, la sonnerie aux morts, une minute de silence et la Marseillaise.



Photos D.Susini
Photos D.Susini
Le 25 septembre a aussi été l’annonce par Manuel Valls d’une pleine reconnaissance aux harkis et à leurs familles. Au cours de cette journée nationale d’hommage qui leur a été consacrée au Mémorial de la guerre d’Algérie à Paris, le premier ministre a présenté un nouveau plan d’intégration des harkis. Ce dernier comprend dix mesures réparties en deux volets : l’un vise à accorder une pleine reconnaissance aux anciens supplétifs de l’armée française en Algérie, l’autre doit se traduire par des dispositions financières et sociales.

Reconnaissance de la responsabilité de la France

La communauté Harkis attendait que les plus hautes autorités de l’État reconnaissent « la responsabilité de la France dans l’abandon et les massacres des harkis » après les accords d’Évian du 18 mars 1962, qui devaient mettre fin à la guerre d’Algérie.
Symboliquement, le gouvernement s’est engagé à créer à Paris un lieu de mémoire dédié aux harkis . Une stèle a été posée au mémorial du quai Branly. D’autres seront érigées dans les anciens hameaux de forestage qui ont accueilli quelque 10 000 harkis après 1962, notamment pour des travaux d’entretien des forêts. Enfin, les sépultures improvisées de membres de la communauté laissées dans les camps de transit seront recensées.
Par ailleurs, l'Office national des anciens combattants (ONAC) aura pour mission de recueillir les témoignages oraux des harkis et de les mettre à disposition du public, tandis que les recteurs d’académie seront appelés à diffuser par des actions éducatives cette histoire dans les établissements scolaires.

Revalorisation de l’allocation reconnaissance

En matière de réparation, la principale mesure du plan consiste en une revalorisation de ce qu’on appelle « l’allocation de reconnaissance ». Mise en œuvre en 2005 pour les harkis ou leurs veuves, celle-ci se monte actuellement à 2 143 € par an. Elle sera majorée de 167 € en 2015. Des mesures ont, en outre, été prévues pour les enfants de harkis. Ceux-ci peuvent déjà, depuis une loi de 2008, accéder aux emplois dits réservés des catégories B et C de la fonction publique. Le plan prévoit un dispositif pour rendre ces dispositions plus effectives qu’elles ne le sont dans les administrations territoriales et hospitalières.
Par ailleurs, les enfants de harkis qui ont passé toute leur jeunesse (jusqu’à l’âge de 21 ans) dans des camps recevront une aide financière afin de pouvoir racheter des trimestres de cotisation retraite.
Enfin, l’accès au logement social des harkis fera l’objet d’un meilleur suivi grâce à la création de « comités régionaux de concertation ».


Une communauté estimée à 500 000 membres

Après le 18 mars 1962, 40 000 des 150 000 supplétifs de l’armée française en Algérie ont pu gagner la France avec leurs familles. Selon les estimations, ils ne sont plus que 6 000 survivants. Avec les enfants des deuxième et troisième générations, la communauté harkie serait actuellement composée de 500 000 membres.
Depuis la fin de la guerre d’Algérie, le mot Harkis a eu plusieurs définitions plus ou moins élogieuses. Loyalistes et légalistes pour les uns, traîtres et collaborateurs pour les autres, les Harkis font toujours , un demi-siècle après la guerre, l’objet d’un enjeu entre la France et l’Algérie. En parler revient presque toujours à rouvrir des plaies plus ou moins cicatrisées et, dans la plupart des cas, à susciter incompréhension et malaise que masquent difficilement une indifférence ou une méconnaissance. Après 1962, le mot Harki s’est imposé comme terme générique pour désigner l’ensemble des Français qui ont servi dans l’armée française en tant que supplétifs. 

Photos D.Susini