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Affaire de Sisco : Les avocats de la famille marocaine demandent le dépaysement du procès, la LDH proteste


Nicole Mari le Mardi 13 Septembre 2016 à 23:06

A 48 heures d’un procès très polémique et très médiatisé, les avocats de la famille marocaine poursuivie ont déposé une requête en dépaysement auprès du procureur général de Bastia. Le procès, qui était initialement prévu en comparution immédiate, le 18 août, avait déjà été renvoyé au 15 septembre à la demande d’un des trois prévenus marocains. Invoquant un « risque de trouble à l’ordre public », les avocats demandent que l’affaire soit jugée sur le continent « pour une bonne administration de la justice ». Première à réagir, la Ligue des droits de l’Homme proteste et demande le maintien de l’audience à Bastia.



Palais de justice de Bastia.
Palais de justice de Bastia.
Ce sont les avocats de Jamal, un des trois frères Benhaddou, à l’origine des incidents de Sisco, qui ont déposé la requête en dépaysement auprès de Franck Rastoul, le procureur général de Bastia. Cette requête serait, selon eux, motivée par « un risque de trouble à l’ordre public » qui ne permettrait pas « une bonne administration de la justice », « un débat serein » et « la sûreté des prévenus ». Dénonçant « un climat de pression et de tension » qui transforme « un palais de justice en une arène » dont laquelle ils craignent de rentrer, et « une sérénité des débats mise en péril », les avocats, Me Philippe Ohayon et Me Ouadi Elhamaouchi, demandent que le procès se tienne hors de l’île. « Force est de constater que le climat de tension extrême dans le ressort du Tribunal de grande instance de Bastia, la présence éventuelle des nombreuses personnes non identifiées ayant pris part aux violences dans ou à proximité du Tribunal, les incidents constatés dans les jours qui ont suivi les faits et le parti pris ostensiblement affiché par les autorités politiques locales ainsi que leur volonté d'influer sur le cours de la justice imposent le dépaysement de cette affaire afin qu'elle soit examinée par une autre juridiction, en dehors de toute pression et d'atteinte à la sûreté des parties », écrivent-ils.
 
Une décision rapide
Le parquet général de Bastia dispose légalement de dix jours pour rendre sa décision. Mais le procès devant, normalement, se tenir jeudi à 15 heures, il pourrait trancher très rapidement. S’il statue sur le dépaysement, l'affaire serait renvoyée sur le continent, avant l'audience. Dans le cas contraire, l’audience aurait lieu jeudi comme prévu, mais le tribunal pourrait décider de renvoyer le procès à une date ultérieure, le temps que ce point soit tranché. En cas de rejet de la requête, les avocats de Jamal Benhaddou peuvent encore saisir le procureur général près la Cour de cassation.
 
La LDH proteste
La ligue des droits de l'homme - section de Corse a immédiatement réagi dans un communiqué demandant le maintien su procès à Bastia. La LDH « considère que le procès de la rixe de Sisco doit avoir lieu à Bastia. Elle n'ignore rien des mauvaises agitations qui entourent cette affaire. Mais un dépaysement apparaîtrait comme une démission de la justice en Corse et une défiance à l'encontre de tous les citoyens de cette île. Que chacun prenne ses responsabilités. Mais que la justice passe ici comme ailleurs dans le respect du droit de la défense et avec la volonté de rechercher la vérité ».

Des manifestations prévues
Rappelons que cinq prévenus doivent comparaître dans cette affaire. D’un côté, trois frères de nationalité marocaine, Jamal, Abdelillah et Mustapha Benhaddou, clairement désignés par le Parquet de Bastia comme étant à l’origine de la rixe du 13 août pour avoir voulu privatiser la plage de Sisco. Ils sont accusés de violences en réunion avec armes sur personnes identifiées ou non-identifiées pour avoir fait usage d’armes blanches contre des habitants de Sisco et blessé grièvement un père et son fils, qui se sont constitués parties civiles. De l’autre, deux Siscais, Pierre Baldi et Lucien Straboni, soutenus par la population, sont poursuivis pour violences en réunion. Divers rassemblements de soutien sont prévus, jeudi après-midi, devant le palais de justice.  

N.M.