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1er festival des origines au Parc Galea : Le succès d’un concept novateur et généreux


Nicole Mari le Dimanche 4 Mai 2014 à 21:52

Pari tenu pour le 1er festival des origines qui vient de se dérouler, pendant 3 jours, au Parc Galea sur la commune de Taglio-Isolaccio. Plus de 5000 personnes ont arpenté les 9 hectares de jardin et les 2000 m2 d’espace muséal d’exposition couvert, sertis dans un écrin de verdure étalant espèces endémiques et cactées exotiques. Les conférenciers de réputation internationale, anthropologues, archéologues, scientifiques, historiens…, qui se sont succédés sur des thèmes variés, ont fait le plein. Preuve de la réussite de ce concept unique qui s’adresse à tous, adultes comme enfants, et mêle, sans aucun esprit mercantile et sur des fonds uniquement privés, mais dans une généreuse volonté de vulgarisation, nature et culture, découverte du patrimoine insulaire et ouverture sur le monde. Présentation et explications, pour Corse Net Infos, de Fabrice Fenouillère, Directeur du Parc Galea.



Fabrice Fenouillère, Directeur du Parc Galea.
Fabrice Fenouillère, Directeur du Parc Galea.
- Pourquoi un festival des origines ?
- L’idée était de s’appuyer sur les Dimanches en famille que nous proposons depuis deux ans. Chaque dimanche de printemps, nous programmons un évènement avec un conférencier qui intervient en milieu d’après-midi. Il peut venir de Corse pour un thème insulaire ou de très loin. Laurent Keller, le spécialiste mondial des fourmis qui fait des conférences dans les grandes universités américaines, est venu de Lausanne pour parler de ce thème universel. Cette quinzaine de dimanche nous a donné envie de créer un moment fort où le savoir-faire du Parc Galea et sa philosophie seraient ancrés dans la connaissance de tout et pour tous.
 
- C’est-à-dire ?
- L’accès à la connaissance, sans frein social, sans que quiconque ait peur de rentrer dans un musée ou dans un jardin en ayant l’impression de ne pas être à sa place. Nous recevons beaucoup de personnes de milieux défavorisés qui n’ont pas l’habitude de ce type d’endroits et prennent plaisir à venir en groupes ou seuls. Cette vulgarisation permet à chacun de découvrir, selon son niveau et son degré de compétence et de connaissances, ce que nous lui proposons sans l’infantiliser, ni l’abasourdir de textes longs ou compliqués.
 
- Vos conférences, malgré le haut niveau des intervenants, sont donc accessibles à tout le monde ?
- Oui. L’idée est de proposer des conférences qui montent en niveau selon le degré de compréhension ou d’affinage du public. Généralement, ce sont des conférences grand public qui attirent des gens désireux d’en savoir plus sur un thème fort, qui les passionne ou qu’ils découvrent. Un moment convivial est prévu avec le conférencier pour ceux qui seraient curieux d’en apprendre plus, d’un point de vue historique et scientifique, ou voudraient aller plus loin dans la formation.
 
- Ce 1er festival des origines a-t-il rempli vos espérances ?
- Oui ! Il a attiré plus de 5000 spectateurs. Le bilan est au-delà de nos espérances. D’autant qu’il y a eu deux jours de pluie pendant lesquels nous avons réussi à assurer, à l’intérieur, toutes les activités programmées. On sait que la clientèle n’est pas la même quand il pleut. Dimanche, il faisait beau. Ce fut un jour témoin avec plus de 2300 personnes qui sont venues dans un festival de connaissances, dans un endroit qui n’était pas une foire, où il n’y avait pas de stands, où on leur a seulement parlé culture. Nous ne pensions pas qu’autant de gens viendraient écouter une conférence sur les Aztèques, l’histoire de l’or, le Big Bang... Chaque conférence de milieu d’après-midi a rassemblé entre 300 et 400 personnes. C’est bien pour la petite commune de Taglio-Isolaccio !
 
- Est-ce ce mélange éclectique de nature et de culture, accessible à tous, qui fait le succès du Parc Galea ?
- Oui. C’est un concept mêlant nature-culture, intérieur-extérieur, Corse-Méditerranée-Regards sur l’Ailleurs. L’amalgame d’éléments naturels, culturels, muséal et paysager fait que chacun y trouve son compte, s’y sent bien, quelque soit son âge et quelque soit son origine régionale ou nationale. Chacun fait son chemin sur ses passions, sur ce qu’il a envie de découvrir ou envie d’emmener ses enfants.
 
- Au-delà de ce festival, quand le Parc Galea est-il ouvert ?
- Il est ouvert 7 mois par an, de mars à octobre, depuis sa création en mai 2012. Nous accueillons des groupes, des individuels et plus de 3000 scolaires au printemps avec des journées pédagogiques, des guides et des ateliers. Le travail est très personnalisé avec l’enseignant, l’enfant et la prise en compte de deux classes pour vraiment s’occuper de chaque enfant. Le calendrier est complet quasiment d’une année sur l’autre. Nous avons atteint notre but : la vulgarisation, l’envie de connaître et la transmission des connaissances.
 
- Quels types d’ateliers proposez-vous ?
- Nous proposons un atelier qui plait beaucoup quand on le resitue dans son histoire : les poteries archaïques. Les enfants puisent l’argile naturelle dans le terrain et la modèlent. L’animateur leur raconte qu’ils sont une tribu du Néolithique et que pour stocker les premiers grains qu’ils vont semer, les agriculteurs ont besoin d’un contenant que l’enfant fabrique selon les méthodes ancestrales. De là, nous avons développé toute une série d’ateliers qui se succèdent : l’écriture des hiéroglyphes sur du papyrus comme les Egyptiens, la reproduction de statuettes mégalithiques comme celles de Filitosa à l’origine de la sculpture, un travail autour du végétal que l’on met en terre, la création de parfums à base d’huile essentielle, les enfants repartent avec un flacon du parfum qu’ils ont créé.
 
- Un autre atelier semble très prisé : celui du pain préhistorique…
- Oui, la fabrication du pain préhistorique avec du blé d’épeautre concassé. Un animateur explique les premiers gestes. Les enfants fabriquent des galettes qui sont, ensuite, cuites sur la pierre comme autrefois avec un feu alimenté toute la journée. Les enfants peuvent, ensuite, manger les galettes avec du miel, des noix et tout ce que l’on trouvait pour les aromatiser à l’époque préhistorique. C’est l’atelier qui a attiré le plus d’enfants pendant le festival des origines.
 
- Que peut-on découvrir dans la partie musée ?
- Elle traite, principalement de manière multimédia et numérique, 60 thèmes partant de la Corse située dans son écrin méditerranéen et ouverte sur le monde. Nous privilégions l’image avec un appel visuel et un texte court, digeste et complètement accessible. Le 1er espace muséal est une entrée dans la Corse côté nature, puis en traversant des jardins, le visiteur rentre dans un 2ème espace, la Corse, côté culture. Le monde sous-marin fait la liaison avec les peuples de Méditerranée dans deux autres espaces muséaux numériques et racontés : les Etrusques, les Phéniciens et les Grecs. Nous collaborons avec l’institut INEACEM, piloté par Jean Castela, qui a monté une exposition permanente, didactique et intéressante. C’est un véritable bouquin affiché aux murs et spécialement écrit pour le lieu. De cette Méditerranée antique, par une loupe inversée de la Corse, on remonte vers le monde avec des carnets de voyage qui amènent en Afrique, en Asie et dans des pays que les cactus ou les arbres voyageurs symbolisent.
 
- Quelle est la caractéristique des jardins ?
- Le Parc contient naturellement, de par son environnement, une flore méditerranéenne classique : arbousiers, lentisques, cistes, chêne-liège, etc. Nous avons travaillé avec des essences venues du bout du monde qui étaient déjà présentes sur le terrain familial originel de Paul Semidei, propriétaire du lieu. Autour d’arbres du Texas dont se servaient les Indiens, du liquidembar, un arbre américain duquel on puisait l’ambre, du caroubier de Chypre…, on a forcé le trait vers l’ailleurs avec le cactée et la plante grasse. D’avis de spécialistes, notre collection est, aujourd’hui, une des plus importantes en France en termes de cactées et de variétés autant que de tailles et d’âges des spécimens. Avec le jardin de Monaco et celui de Roscoff, le jardin du Parc Galea est un jardin qui compte !
 
- Combien y-a-t-il de jardins différents ?
- Le Parc compte 8 espaces paysagers thématisés : les plantes préhistoriques, le monde des cactus, les plantes des 5 continents, les plantes méditerranéennes et les grands palmiers d’Afrique du Nord.
 
- Les dimanches thématiques se poursuivent-ils pendant l’été ?
- Il est beaucoup plus difficile de faire venir des conférenciers, l’été. Parfois pour des problèmes de coût et de conditions de logement puisque le Parc Galea fonctionne comme une fondation d’entreprise, sans aucune subvention publique. Néanmoins, tous les Dimanches continueront, cet été, d’être évènementialisés à travers un plateau d’ateliers qui accueilleront les enfants. C’est une nouveauté !
 
- Proposez-vous d’autres nouveautés ?
- Oui. Nous ouvrons aussi en Nocturne les lundi, mercredi et vendredi, en juillet et août. Une sorte de nuit blanche tout au long de l’été pour s’enrichir, y compris en soirée quand le soleil est tombé, pour découvrir le Parc avec une autre lumière, mais avec le même ticket d’entrée pris le matin ou les jours avant. On ne repaye pas pour venir dans les jardins et les musées jusqu’à 23 heures.
 
- Peut-on passer la journée au Parc Galea ?
- Oui. C’est ce que font les visiteurs aujourd’hui. Comme la démarche initiale n’est absolument pas mercantile, mais découle de la philosophie d’une fondation d’entreprise, nous avons, pour l’instant, décidé de ne pas avoir de point de restauration. Nous ne voulons pas symboliser la vente de quelque chose qui pourrait casser l’esprit zen qui se dégage naturellement du lieu. Que ce soit gratuit comme ce festival ou une simple participation de 2€ ou 4€ au projet, les gens rentrent et sortent du parc comme ils veulent dans la journée sans repasser par une caisse. Et peuvent, donc, aller déjeuner dans les restaurants de la région.
 
Propos recueillis par Nicole MARI